LE CORBUSIER ARCHIDESIGNER

LE CORBUSIER, ARCHITECTE, DESIGNER

LE CORBUSIER ARCHIDESIGNER. Le Corbusier a fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou du 29 avril 2015 au 3 août 2015.

Peut-on croire qu’il y avait deux Le Corbusier, deux périodes, comme il y avait deux Nietzsche, deux Wittgenstein ?”, s’interroge Frédéric Migayrou, commissaire au Centre Pompidou, qui se réfère à Richard Padovan : “Le Corbusier crée perpétuellement de fausses pistes (parfaitement inutiles) pour apparaître plus innovant et plus original qu’il n’était en réalité. En particulier, il a minimisé sa dette vis-vis de Peter Behrens et de son expérience allemande en général”.

Auteur de trente-quatre livres et de soixante-dix-huit édifices bâtis dans douze pays, fondateur avec Amédée Ozenfant du purisme et de la revue L’Esprit nouveau, Le Corbusier, né Charles-Edouard Jeanneret en Suisse en 1887, naturalisé français en 1930, est influencé lors de sa formation en Allemagne par les théories de l’esthétique scientifique, où tout peut être mesuré, y compris les sensations et les réactions cognitives.

Côté édition, plusieurs parutions récentes s’attellent à la démystification du maître. Avec Le Corbusier, un fascisme français, Xavier de Jarcy, journaliste à Télérama, a entrepris de restituer “dans leur contexte, les éléments historiques et critiques éclairant sous l’angle politique, sa pensée et son action”, en s’appuyant sur les travaux de nombreux historiens et en se gardant “de juger ou de diaboliser”. Il affirme que “Le Corbusier s’est imposé car il a réussi à faire oublier son passé. Le plus effrayant n’est pas que l’architecte le plus connu au monde ait été un militant fasciste. C’est de découvrir qu’un voile de silence et de mensonge a été jeté” sur son histoire. Il aimerait “que plus aucune exposition, plus aucun livre consacré à Le Corbusier n’oublie de rappeler sa part d’ombre” et estime que les historiens français devraient, comme leurs confrères américains depuis quelques années, “se demander si le fascisme n’a pas été inextricablement mêlé à la modernité.”

L’architecte Marc Perelman analyse la “froide vision du monde” de celui qui “a rendu possible les courants architecturaux et urbanistiques les plus radicaux d’aujourd’hui”. L’architecte François Chaslin livre quant à lui “un portrait qui tente de multiplier les angles de vue et d’ouvrir la perspective sur un objet trop célébré et devenu immuable, marmoréen en un sens ou peut-être bétonné : l’architecte Le Corbusier”.

Enfin, dans Le Corbusier, le Grand, Jean-Louis Cohen note que “ses messages intimes sont révélateurs de sa double personnalité”, dévoilée dans une lettre à Josef Cerv : “Le Corbusier est un pseudonyme. Le Corbusier fait de l’architecture, exclusivement. Il poursuit des idées désintéressées. Il n’a pas le droit de se compromettre dans les trahisons, les accommodements. C’est une entité débarrassée du poids de la chair. […] Charles-Edouard Jeanneret est l’homme de chair qui a couru toutes les aventures radieuses ou désespérantes d’une vie assez mouvementée. Charles-Edouard Jeanneret fait de la peinture car, n’étant pas peintre, il s’est toujours passionné pour la peinture et il en a toujours fait – peintre du dimanche.”

L’exposition du Centre Pompidou se clôt sur “Le Cabanon”, cellule d’habitation construite sur un rocher de bord de mer à Roquebrune-Cap-Martin, où Le Corbusier exprime sa volonté de vivre dans un espace minimal, presque nu. C’est en contrebas qu’il disparaît lors d’une de ses baignades quotidiennes. Cinquante ans après, le créateur suscite encore beaucoup d’intérêt.

Article rédigé par Astrid Avédissian pour Intramuros.

LE CORBUSIER ARCHIDESIGNER

LE CORBUSIER ARCHIDESIGNER

www.centrepompidou.fr

www.fondationlecorbusier.fr

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